Carabine Verney-Carron Linergie One, cal. au choix

La vivacité à la française

Si le chasseur français privilégiant l’utilisation d’armes rayées, et notamment de carabines, dispose d’un panel d’options raisonnablement large pour le prélèvement de son gibier favori, certains types de chasse comme la battue ont tendance à sérieusement réduire les options disponibles pour peu que l’on souhaite optimiser le plus possible ses chances de tomber proprement et efficacement sa proie.

Présentant un besoin particulier en termes de réactivité et de rapidité d’action afin de ne pas se laisser surprendre par la sortie soudaine d’un animal dissimulé dans un fourré, les carabines à verrou trouveront rapidement leurs limites par la relative lenteur de leur système de réarmement tandis que les armes semi-automatiques, pourtant exemplaires de par leur capacité à enchainer très rapidement les tirs, peuvent quant à elle laisser à désirer tant du côté de leur autonomie de tir, fatalement limitée à 3 coups, que de leur fâcheuse tendance à l’enrayement.

Une troisième voie s’ouvre alors, celle de la carabine à réarmement linéaire. Compromis idéal entre fiabilité, capacité de tr et rapidité, elle constitue une option de tout premier choix pour la chasse à la battue et pardonnera bien plus facilement un tir manqué sans risquer les habituelles déconvenues des fonctionnements alternatifs que sont le verrou et la répétition semi-automatique.

A ce titre, la Verney-Carron Linergie se situe en bonne place malgré une tendance à l’élargissement d’un catalogue encore timide il y a quelques années et propose aux tireurs exigeants ce qu’ils sont en droit d’attendre d’une arme française. Réalisation soignée, fonctionnement fiable, mécanique robuste.

Fonctionnement

Si son fonctionnement à réarmement manuel lui permet de rester dans le giron de la catégorie C, la Verney-Carron Linergie s’affranchit de la lenteur de l’action en quatre temps du système à verrou au profit d’une course linéaire en deux temps s’initiant par la traction vers l’arrière du levier d’armement après le tir. Celle-ci assurera le déverrouillage de la culasse dont la tête rotative sera directement bloquée par 6 tenons à l’entrée de la chambre, l’extraction de la douille suivie par son évacuation grâce au système de double éjecteur, puis l’armement de la carabine.

Ne restera plus au chasseur qu’à relâcher le levier afin d’initier sa course vers l’avant qui amorcera le chambrage d’une nouvelle cartouche permettant le prochain tir.

Sans commune mesure avec celle d’un réarmement à verrou, la rapidité d’une course linéaire vous permet d’un simple mouvement de poignet de doubler un tir ayant initialement manqué sa cible sans craindre l’incident de tir ou le manque de munitions.

C’est d’ailleurs l’autre point fort de cette configuration. Insoumise à la contrainte d’une faible autonomie, cette Linergie pourra enchainer jusqu’à 6 tirs de munitions de calibre .300 Winchester Magnum ou .30-06 Springfield, au choix, si l’on ajoute une cartouche supplémentaire en chambre complétant le chargeur métallique amovible de 5 coups fourni avec la carabine. Deux fois plus de coups à enchaîner, deux fois plus de chance de succès.

Caractéristiques

Sans prétendre rivaliser avec les meilleures configurations dévolues au scoring en cible, la canonnerie de la Verney-Carron Linergie d’une longueur de 55 cm s’avère particulièrement capable en termes de précision et vous permettra de placer votre tir exactement là où vous le souhaitez.

Les plus soucieux de leur empreinte sonore apprécieront tout particulièrement le filetage à la bouche au pas M14x1 rendant possible le montage d’un modérateur de son pour plus de discrétion. Le fabricant précise toutefois que le recours à la bague adaptatrice mise au point par la marque sera indispensable sous peine de risquer d’endommager le silencieux utilisé.

Afin de conserver la plus grande maniabilité possible, Verney-Carron a tout mis en œuvre pour limiter au maximum le poids de l’arme afin d’en améliorer le swing. A ce titre, le boiter de culasse est ici réalisé en Ergal, un alliage d’aluminium dont les qualités en termes de durabilité et de résistance s’approchent de celles de l’acier sans toutefois en présenter le poids.

Du côté des organes de visée ouverte, la courte distance impose ses règles, c’est donc sans grande surprise que l’on retrouvera une bande de battue sertie d’un insert orange fluo et munie d’un cran de hausse réglable en hauteur, et que l’on associera à un guidon dérivable en fibre optique, un duo taillé pour la vitesse d’acquisition en toute cohérence avec l’orientation première de l’arme.

Les perçages taraudés présents sur le dessus du boiter autoriseront si besoin le renoncement aux organes présents d’origine au profit d’une optique de tir, le plus logiquement un viseur point rouge, qui vous permettra d’accrocher avec encore plus d’aisance un gibier en pleine course.

Au chapitre des commandes et de la sécurité, un cran de sûreté transversal présent sur la partie antérieure du pontet neutralisera simultanément l’action de la queue de détente afin de prévenir tout risque de départ involontaire. Il sera également possible de bloquer la culasse en position ouverte grâce à l’arrêtoir prévu à cet effet et prenant la forme d’une patte située sur flanc gauche de l’arme à la base du garde-main et sécuriser ses déplacements.

En cas de rencontre avec le gibier, il ne restera au chasseur qu’à actionner cette commande afin de chambrer instantanément une munition et de faire feu.

Les garnitures ont pour leur part su conserver une certaine sobriété et se constituent d’une crosse et d’un garde-main, tous deux synthétiques, prompts à affronter sans broncher les conditions de chasse les plus rudes.

Au final, cette Linergie se pose comme une remarquable alternative aux Browning Maral et autres Merkel Helix, tout aussi efficace et fiable mais pour une fraction de leur tarif, le tout estampillé français. Une carabine qui aura pour notre part largement su nous convaincre.